MA DEUXIEME GREVE DE LA FAIM A L'ECOLE NORMALE SUPERIEURE

Monsieur le Premier Ministre,

Il y a un an et demi, j'ai été obligé de me défendre, par une grève de la faim, contre une mutation arbitraire qui n'était qu'une humiliation "pour l'exemple" et une action de représailles contre l'exercice de ma part du droit au recours effectif reconnu par l'article XIII de la Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales (le CNRS ayant été condamné en justice à deux reprises). Il devient de plus en plus évident, au vu du grand nombre des "cas particuliers", que les hiérarchies scientifiques sont de plus en plus coupées de la réalité de notre profession et écrasent les vrais créateurs. Elles ont développé, au cours des deux dernières décennies, une personnalité nouvelle et gravement déformée, basée sur la "civilisation de l'influence", par opposition aux critères normaux de compétence. Les droits de la personne n'ont plus aucune place dans un tel fonctionnement. Il s'agit là d'un germe de décomposition institutionnelle.

Après avoir retiré formellement cette mutation indéfendable sur le plan professionnel, les autorités de tutelle ont déguisée leur politique par des pratiques de harcèlement qui poursuivent le même objectif. Elles tendent à m'exclure de facto de mon laboratoire (le LIENS, Laboratoire d'Informatique de l'Ecole Normale Supérieure) et à me priver de mes outils de travail.

Vous trouverez un dossier détaillé sur ma page web:

http://www.dmi.ens.fr/users/deza

dont je risque d'être privé très prochainement.

Mes revendications sont simples: arrêt des pratiques de harcèlement, respect de mon affectation et de ma dignité professionnelle, enquête administrative par vos soins sur les responsabilités encourues par les hiérarchies. Cette simple restitution de mon honneur m'est à ce jour refusée.

C'est pourquoi j'ai commencé une deuxième grève de la faim, ce soir du 3 au 4 juin 1999 à minuit, dans mon bureau à l'Ecole Normale Supérieure.

Michel DEZA
Directeur de Recherche au CNRS